Le 13e hussards en documents 1793 - 1814

le 13e hussards sous le 1er Empire

Le Musée de l'Empéri conserve une pelisse attribuée par Jean Brunon au 13e régiment de hussards, fin d'Empire, sous la côte 3334 B.

Cette pelisse en drap bleu roi est galonnée de tresses plates et carrées, formant les ganses des brandebourgs, jaune citron. Si la fourrure de la pelisse en partiellement absente sur le devant de l'effet, elle est bien présente au col, aux manches et au bas de la pelisse. Il est à noter que la fourrure est absente, et pas manquante, à l'intérieur du collet, comme cela peut se voir sur certaines pelisses de fabrication de la fin de l'Empire. Notre pelisse en comporte 18 brandebours à 5 rangés de boutons. Une partie de la tresse plate a été restaurée ainsi qu’une partie des brandebourg sur le devant. Si la fourrure est restaurée au collet et aux manches, la peau de la fourrure d’origine, qui a perdu ses poils, a été laissée en place. Le drap utilisé pour cette pelisse est un drap de grande qualité, similaire à celui employé pour la Garde, rien de plus normal si le hussard qui l’a porté au 13e régiment a servi au régiment Jérôme Napoléon. La confection, très soignée, avec une fine matelassure entre la doublure et le drap de fonds, montre un travail de tailleur civil plus qu’un ouvrier d’un atelier régimentaire.

Unité qui se veut prestigieuse, puisqu'ancienne Garde Royale Westpahlienne, la pelisse comporte une soutache aux manches et un double entrelac des tresses à la manière des chasseurs à cheval de la Garde. Cette pièce d'uniforme est très symbolique d'un régiment peu connu et à l'histoire tourmenté, mais elle permet de se rendre compte que même aux dernières heures de l'Empire, la force de travail de la proto-industrie française est encore entière et que les régiments sont encore habillés et équipés correctement.

 

Les hussards Jérôme-Napoléon

            Le 3 juillet 1813, Napoléon, désirant assurer la protection de son frère Jérôme, envisage de lui fournir 1 200 hommes tirés des dépôts de cavalerie français afin de mettre à son service un régiment de hussards français. Le régiment est créé par décret du 31 juillet 1813 sous le nom de Jérôme Napoléon.  Le régiment est formé à Cassel de détachements de vingt-quatre régiments de cavalerie légère et de dragons[1]. L'uniforme du régiment est réglé par du décret royal du 3 août : pantalon bleu westphalien, dolman bleu avec cinq rangs de boutons, pelisse bleue, fourrure blanche et pour les officiers, agneau d'asrtacan. Ceinture écharpe écarlate, nœuds bleu et blanc. Schabraque et sabretache écarlates. Aigle en métal blanc pour la sabretache. La troupe a une schabraque en mouton blanc. Les shakos sont éclarlates avec plumet blanc. Gilet et pantalon d'écurie bleus avec une bande sur les côtés écalrate. Manteau à manches en drap gris. Buffleteries jaunes. De fait, l'uniforme porté est légèrement différent, « changé par ordre de S.M. Le Roi de Westphalie ». Ainsi les hommes des escadrons de guerre reçoivent un dolman éclarlate [2] et certains officiers portent une pelisse rouge. Le 5 août, le régiment entre dans la Garde Royale. Le 11 août 1813, le régiment est placé sous les ordres du colonel Antoine Brincart. Il comporte 553 hommes formant les deux premiers escadrons. L'organisation se poursuit assez rapidement avec des hommes tirés du dépôt de cavalerie légère de Francfort le 3 septembre, portant, au début du mois de septembre, le régiment à cinq escadrons avec 1 401 officiers, sous-officiers et hussards pour 1 044 chevaux.

Mais avec l'invasion de la Westphalie par les troupes russes, le 24 septembre suivant, le 28, les hussards avec les gardes du corps, les grenadiers et une partie de l'artillerie de la Garde, quittent le royaume avec Jérôme. Le 16 octobre le régiment passe à la solde française. En novembre 1813, la 3e compagnie assure un service d'honneur auprès de Jérôme. De Cologne, le régiment se rend à Zülpich et à Maastricht où  est établit son dépôt. L'effectif du régiment est de 54 officiers, 1 064 hommes et 717 chevaux. Le 1er décembre, le duc de Feltre est informé que le régiment ne compte lpus que 200 hommes montés. Il envisage alors de le licencier et de renvoyer les hommes dans leurs régiments d'origine. Durant tout le mois de décembre, des détachements de hussards Jérôme-Napoléon rejoignent, montant sa force, à la fin du mois à 1000 hommes et 700 chevaux. Dès lors l'avis du duc de Feltre change et lui « fait considérer comme avantageux la conservation de ce cadre qui peut rendre de suite d'utiles services...j'ai l'honneur de proposer à l'Empereur de décider que le régiment de hussards Jérôme Napoléon sera conservé et qu'il prendra dans l'arme des hussards le n°13, vacant au moyen de la suppression du régiment qui portait ce numéro...le nouveau 13e hussards aurait ainsi...3 escadrons de guerre dont un d'éclaireurs, et en outre un escadron de dépôt »[3].

 

Le 13e hussards de seconde formation de 1814

            Le 1er janvier 1814, le régiment devient 13e hussards. Il est affecté au 11e corps de la Grande Armée. Le régiment fait brigade avec le 10e curiassiers sur la route de Venloo alors que sa première compagnie est annéantie dans les marais de Meyel, le 10 janvier 1814. Le 30 janvier, le 13e hussards est à Sainte Menehould. Le 3 février, il combat à la Chaussée et le 4, il défend Châlons-sur-Marne. Le 9, il donne à Montmirail et, le 18, participe à la victoire de Montereau. A Paris, le 9 février 1814, le bureau de l'insepction du ministère de la Guerre, informé de la tenue du régiment de hussards Jérôme Napoléon, devenu 13e hussards, propose de modifier plusieurs parties de l'uniforme donné le 3 août 1813 par décret du Roi ed Westphalie, « pour l'assimiler autant que posible à celui des autres corps de même arme et particulièrement à celui du 13e régiment de hussarsd qui a été fondu dans le 14e et dont le régiment Jérôme Napoléon a pris le numéro »[4]. Cette proposition est soumise au Duc de Feltre dès le 12 février suivant. La proprosition soumise en de doter le régiment de l'uniforme prescrit par le décret du 3 août 1813 mais avec le dolman rouge. Le 13 remplace le JN sur la sabretache et les schabraques et le régiment perçoit ses pelisses bleues garnies de fourrures noires. Le 27 février, le régiment est réparti dans les divisions Amey, Brayer, Molitor, Pacthod et Piré. Ses détachements sont à Saint-Dizier, à Sézanne les 23 et 24 mars puis à Viry le 25. Le 13e donne plus de vingt fois à la Fère-Champenoise, esseyant de dégager les gardes nationaux. Couvert de gloire, à l'issue de la bataille, il ne lui reste plus que 13 officiers et 70 hommes. Bloqués à Magdebourg, les cadres des 1er, 3e et 4e escadrons sont minés par la désertion. Les cadres des quatre escadrons se réunissent le 31 juillet à Valenciennces. Replié à Chartres, le régiment y est licencié le 12 août 1814. 9 officier et 15 cavalier entrent dans le 7e hussards[5]. D'autres hussards entrent dans le le 5e régiment de chevau-légers lanciers à qui il apporte 223m64 de drap bleu de roi, 58m60 de drap blanc, 1m de drap gris de fer, 5m98 de tricot gris de fer et 317m 43 de tricot bleu de roi.

article publié dans Soldats Napoléoniens n°13, mars 2014 

 

Jérôme Croyet
docteur en histoire
président de la SEHRI

[1]    « On [les hommes composant le régiment] les fera partir en pantalons et en vestes. Le roi les habillera et les montera ». Ordre de Napoléon, Dresde, 3 jhuillet 1813. Centre de Documentation du Musée de l'Empéri.

[2]    Le collet est suivant les sources bleu ou rouge.

[3]    Lettre du duc de Feltre à Napoléon, 31 décembre 1813. Centre de Documentation du Musée de l'Empéri.

[4]    Minute de la lettre écrite par le ministre au comte Daru, 9 février 1814. Centre de Documentation du Musée de l'Empéri.

[5]    Le 13e hussards apporte au magasin du régiment, 14 dolmans, 8 gilets, 2 vestes d'écurie, 12 hongroises et 8 pantalons de cheval hors d'état de servir ; 14 bons shakos,12 gibernes, 6 porte-carabines et 9 ceinturons bons pour le service, 14 bonnes paires de bottes, 12 ceintures écharpes en mauvais état et 6 sabretaches en mauvais état.