Historique du 4e régiment de hussards

article (revu et augmenté) publié dans Traditions Magazine n°7 d'avril 2016

  

En 1743, se forment les "Chasseurs de Fischer" qui traquent Mandrin. Devenu Dragons-Chasseurs de Conflans en 1761, puis Conflans-Hussards en 1776 et Saxe-Hussards le 1er mars 1789. Renommé 4e régiment de hussards le 1er janvier 1791, le régiment passe à l'ennemi le 4 mai 1792. Il est reconstitué le 4 juin 1793 avec le 5e hussards, qui prend le numéro 4. Ce régiment est créé le 31 juillet 1783 pour le duc de Chartres avec un escadron de chacun des régiments de hussards, Bercheny, Chamborant, Conflans et Esterhazy. Le 30 mai 1788, il est renforcé par un contingent de soldats pris dans les régiments de cavalerie de Quercy, Septemanie, Nassau, La Maerck, Franche-Comté et des Evéchés.

 

La Révolution

Régiment patriote, Colonel-Général, alors cantonné à Douai [1], est peu touché par l'émigration. En juillet 1792, le régiment rejoint l’armée commandée par Lafayette à Maubeuge. Il passe à l’armée du Nord où il forme l’avant garde avec deux escadrons du 6e hussards. Il combat, le 17 septembre 1792 au défilé des Islettes, en Argonne, où il repousse le corps du prince de Hohenloe jusqu’à Clermont-en-Argonne en lui causant des pertes importantes. Passé à l'armée du Centre en 1792, il participe aux batailles de Valmy, où il mène des actions de harcèlement[2], et de la Croix aux Bois. Le régiment combat avec distinction, le 4 octobre à Saint-Gislain, les 5 et 6 au moulin de Bousse, et le 6 novembre à Jemmapes où il prend l’avant-garde lors de la poursuite des armées ennemies sur Bruxelles.

En 1793 et 1794, il est à l'armée du Nord. Le 3 février 1793, Barbier prend le commandement du régiment. Le régiment est présent lors des batailles de Tirlemont le 3 mars, où le régiment enfonce les flancs des troupes de l’archiduc Charles et du prince de Wurtemberg[3], de Gorsenhove le 16 mars, où le régiment charge et mettent en déroutent les cuirassiers Autrichiens et récupèrent les pièces d’artillerie françaises par eux prises, puis le 18 mars 1793 à Neerwinden. Hondschoote, Wattignies et au passage de la Sambre. Le régiment combat et fait le coup de main[4] sous le regard implacable du représentant Saint-Just qui signe lui-même la mise en retraite du lieutenant Jacques Helaïssen, le 5 messidor an II, au Pont. Son colonel, le chef de brigade de Barbier est tué le 23 avril 1794 lors d'un combat vers Charleroi. Le 11 mai, le futur maréchal de France, Gérard, alors sous-lieutenant, enlève un obusier et un convoi à l'ennemi. Le 26 juin 1794, le régiment est à la bataille de Fleurus.

Le 4 juin 1793, alors le régiment prend le numéro 4, resté vacant avec l’émigration de Saxe et reçoit la cavalerie de la Nièvre le 1er germinal an IV. Le dépôt du régiment est à Laon avec 257 hommes. Les escadrons de guerre, regroupant 34 officiers et 558 hussards, cantonnent à Ragny alors qu’un détachement de 29 hussards est dirigé sur Landau. A cette époque d’amalgame de l’infanterie, les engagements volontaires dans le régiment sont plutôt rare, dans l’Ain seul Laurent Jacquet, de Bourg, s’y engage le 6 messidor an II.

De 1795 à 1797, le régiment est à l'armée de Sambre et Meuse. Il passe et assure le franchissement du Rhin à sa division à Hardingen en septembre. Il est au camp de Greminguen en octobre 1795, combat à Langenheim et participe au blocus de Mayence en 1796 où Ney est blessé puis fait prisonnier avant de quitter le 4e le 1er août. En 1797, le régiment est à Neuweed le 18 avril, où le lieutenant Devaillant, à la tête de 30 hussards, capture un bataillon autrichien. 

Durant cette campagne, quelques officiers, « malgré les moyens extraordinaires qu’ils ont eu dans les pays conquis, sont dans la plus mauvaise tenue ». De même, aucun cheval de troupe n’est marqué au numéro du régiment. Vaillants au combat, les hussards ne sont pas exemplaires avec les populations civiles et ce à leur plus grand désavantage. Stationné en Moselle en l’an VI, les hommes du 4e ne s’y montrent pas des invités aimables, au contraire. En effet, deux détachements du régiment, avec des hommes du 7e régiment de cavalerie, se conduisent si mal à Corny-sur-Moselle, que le commissaire des guerres de Metz les fait arrêter, désarmer et revenir en ville.

En 1798 le régiment est à l'armée de Mayence et en 1799 à l'armée du Danube, division Lefebvre[5]. Durant l’accalmie le régiment est passé en revue le 26 février 1799. Il compte 951 hommes, soit 47 de trop. Depuis le 8 mai 1798, il reçoit 282 recrues. Ses hommes sont réputés être de bons républicains. L’encadrement est passablement instruit dans la théorie et la pratique militaire et faiblement dans l’administratif. Il faut dire qu’une partie des officiers parlent encore peu convenablement le français. Il en est de même pour les sous-officiers qui, en plus d’une instruction théorique faible, ni ne parlent, ni ne lisent le français. A une instruction militaire général passable s’ajoute un degré d’équitation nul. Toutefois, la reprise de la guerre suspend les opérations.

Lors de la bataille de Stockach, où le régiment en brigade avec le 5e « fait l’impossible pour rétablir la situation », le chef d'escadron Pajol, à la tête de 2 escadrons, fait prisonnier 2 bataillons ennemis. Le régiment est à la bataille d'Altiken, le 4 juin, il est à la bataille de Winterthur où Pajol, pillé de ses vêtements par des cuirassiers autrichiens, rallie son escadron en chemise et « brandissant un sabre de prise…se rue sur les cuirassiers regroupés…leur faire payer très cher leur insulte »[6]. Le 23 septembre, le 4e est à la bataille de Zurich.

 

Le Consulat

En 1800, à 5 escadrons pour 850 hommes, il passe à l'armée du Rhin. Il s’empare du pont d’Alburck, prenant les redoutes. Le 5 mai, il charge à Moeskirch et le 19 juin met en déroute des cuirassiers autrichiens à Schresheim. Le 3 décembre, « par un temps froid, sous la neige, il s’illustre à Hohenliden »[7] puis le 13, le maréchal des logis Carteaux prend un drapeau.

Sous le Consulat, le 4e est réorganisé et sa compagnie d’élite formée et distinguée du « shako d’oursin »[8]. Il est formé à 4 escadrons de deux compagnies en 1803 pour un effectif de 800 hommes. En 1804, l’effectif est ramené à 637 hommes. Si l’esprit du régiment est « bon »[9], la qualité de l’instruction dégringole avec la hiérarchie : en effet les officiers du régiment ont une instruction théorique assez bonne et une instruction pratique bonne. Pour les sous-officiers cela ce complique déjà un peu plus. Pour eux l’instruction est faible quand à celle des soldats elle est juste « médiocre »[10] bien que les ordres donnés par le général durant la revue aient été passablement exécuté. A cette instruction défaillante s’oppose l’image d’un régiment discipliné et « bien habillé »[11]. Le régiment est formé d « espèce…d’hommes…bonne…tous au dessus de la taille prescrite. L’espèce d’hommes est très belle aux escadrons de guerre »[12].

En octobre, il rejoint Pontoise pour rallier Paris afin de recevoir ses quatre aigles et étendards du modèle Challiot. Le 21 décembre, il quitte Paris pour Osnabruck.

 

A la Grande Armée

Du 18 au 27 septembre 1805, il traverses l’électorat de Hesse, de Hesse-Darmstadt et de Hanau à raison d’une étape par jour. Au 30 septembre 1805, il au 1er corps d’armée, division Kellermann, 2e brigade avec le 5e de chasseurs à cheval et n’aligne qu’un effectif de 444 hommes. Il est alors sous les ordres du colonel Burthe. Il est employé à l'avant-garde du 1er corps d’armée le 9 novembre [13].

Le 2 décembre 1805, il est à Austerlitz, dans la division Kellermann, rattachée à la Réserve de cavalerie de Murat mais avec des effectifs largement grevés puisqu’il n’a plus que 280 hommes. Le 4e régiment de hussards se distingue, le 2 décembre 1805, dans les dix charges qu’il effectue  et qui achèvent la défaite de l'infanterie russe. Il recueille de nombreux trophées de cette victoire, plus de 1200 prisonniers, des canons et 2 drapeaux mais 63 hommes, dont 6 officiers, sont tués ou blessés.

En janvier 1806, le régiment est à Schewertzberg où il reçoit des recrues[14]. Du 25 janvier au 14 février, il protège la marche de la 2e brigade d’infanterie qui se rend dans la principauté d’Eischtadt et assure un service permanent de correspondance. Du 12 mars au 8 juillet, il est détaché auprès de la 1ère division d’infanterie puis rejoint la division de cavalerie du 1er corps.

Le 1er octobre 1806, pour la campagne d'Iéna, le 4e de hussards forme avec le 2e hussards et le 5e de Chasseurs la division Tilly qui compose la cavalerie du 1er corps d’armée. Il aligne 567 hommes en 3 escadrons. Le 25 décembre de la même année, il passe au 2e corps de réserve de cavalerie commandé par Bessières et accuse le coup des combats et de la campagne puisqu’il ne compte plus que 313 hommes.

Le 25 janvier 1807 le régiment est présent à la bataille de Mohrungen. Le 1er avril 1807, il est au 1er corps d’armée où il aligne 446 hommes en 3 escadrons qui tombent à 418 hommes présents, au 30 mai. Le 14 juin 1807, le régiment est à Friedland. La cavalerie de Beaumont est rattachée à la gauche et combat sous les ordres supérieurs de Grouchy, perdant 13 hommes. Il participe à la bataille d’Austerlitz. En 1806 et 1807 il combat à Schleiz, Iéna, Lubeck, Liebstadt et Mohrungen.

Le 5 décembre 1807, le dépôt du 4e hussards est passé en revue par le général Lebrun à Malines. Si les officiers sont « notés favorablement »[15] et que les magasins d’habillement et d’équipement sont bien tenus, les hommes formant le dépôt et les conscrits appelés au régiment impressionnent fortement Lebrun. En effet, ces Bas Bretons et Limousins ont une tenus si mauvaise et sont si « difficile à dresser pour le service de la cavalerie [que]…si le régiment continue à recevoir de semblables recrues il ne peut que perdre beaucoup de la belle tenue qui l’a distingué jusqu’à présent » [16]. Le manque de sous-officiers assurant l’instruction des recrues et la négligence du colonel sont alors blâmés par Lebrun.

L’Espagne

Dirigé sur l’Espagne, il quitte Mayence, le 1er septembre 1808. De passage à Paris, le 27 septembre, il reçoit deux couronnes d'or de la ville de Paris et part pour l'armée d'Espagne. Il compte alors 700 hussards commandés par le Colonel Burthe, et fait brigade avec le 2e hussards. Il arrive à Bayonne, qu’il quitte le 30 octobre avec 812 hommes répartis en trois escadrons, pour franchir la frontière. En janvier 1809, le 4ème Hussards participe au siège de Saragosse. En février, le quatrième escadron est enfin constitué avec des renforts venus de France[17]. Au 15 mai 1809 le régiment est au 3e corps d’armée. Avec le 13e de cuirassiers et une compagnie de lanciers de la Vistule, il compose la cavalerie sous les ordre du général Wathier. Il n’aligne alors plus que 326 hommes en trois escadrons. Sous le commandement du chef d'escadron Devallant, il participe à l'échec d'Alcañiz le 23 mai mais aussi à la revanche de Maria le 15 juin suivant, où 3 officiers sont blessés. Le 18 juin 1809, à Balahite, le 4ème Hussards fait prisonniers les survivants du régiment d'Infanterie de Valence.

Au 15 avril 1810 le 4e compte 649 hommes en 4 escadrons.

Le 23 avril 1810, à Margaleff, 328 hommes sont présents. C'est une charge du régiment qui décide de la défaite et de la déroute complète de l'avant-garde de l'armée espagnole d'O'Donnel qui tentait de dégager Lérida qui capitulera : "Aux premiers coups de fusil le général Harispe monte à cheval avec le 4e de hussards, se porte au-devant de l'ennemi, suivi des compagnies de voltigeurs du 115e et du 117e, et reconnaît qu'il n'a à faire qu'à une avant-garde. Quelquefois les moments décisifs à la guerre ne se font pas long-temps attendre. Une charge impétueuse des hussards [18] sur cette tête de colonne ne lui laisse pas le temps de se former ni de se reconnaître. Obligée de s'arrêter et de reculer, elle perd la moitié de son monde, sabrée ou prise ; et l'armée de secours, arrivée en vue de la place, s'en trouve déjà séparée"[19]. La moitié des espagnols sont sabrés ou pris et le reste de l'armée fait retraite, laissant les défenseurs de Lerida seuls. Le 13 août 1810 [20], le 4e hussards est détaché du siège de Tortose et se porte contre l’armée de secours espagnole. Une avant garde de cent hussards culbute les postes espagnols. Le capitaine Charron est tué d'un coup de lance, mais 52 hommes et un drapeau sont pris aux Espagnols. Le 26 novembre, nouveau combat contre l'armée de Valence. Un bataillon du 14e de ligne et un peloton de hussards repoussent vigoureusement une attaque espagnole, font 300 prisonniers, ce qui fait refluer tout le détachement espagnol.

Le 11 avril 1811, un corps de cavalerie espagnole tente de surprendre un cantonnement de cavalerie près de Ulldecona. Le lieutenant Delmart, avec quelques hussards, charge l'avant garde ennemie et la culbute. Soutenu par 80 cuirassiers du 13e, il charge ensuite 500 dragons espagnols qui sont sabrés, perdant en quelques instants 50 hommes, et qui prennent la fuite. A partir du 24 avril, 200 hussards du 4e, ainsi que le 14e de ligne et les 1er et 2e de la Vistule sont utilisés sur la rive gauche de l'Ebre pour repousser les troupes de Mina et couvrir ainsi le siège de Tarragone[21]. Le 10 août, Napoléon réorganise les dépôts des régiments de cavalerie légère de larmée dEspagne, en les rapprochant de la frontière : «Donnez ordre que dans le courant d'août, il soit passé la revue des dépôt des4e et 10e d'hussardsLes chevaux qui ne vaudraient pas la peine d'être conduits au nouveau dépôt seraient vendus. Ces dépôts se mettraient en marche dans les dix premiers jours de septembre après leur inspection, pour se rendre à Niort, hormis celui du 4e de hussards qui se rendra à Carcassonne»[22]. Le régiment est au summum de ses capacités : « ma compagnie d’élite est formée de 400 hommes superbes, comptant tous 12 ou 15 ans de services. Hier, j’étais suivi de cinq hussards d’ordonnance, tous portant la croix. Toute ma compagnie d’élite est montée sur des chevaux du plus beau noir, schabraques noires...les hommes ont pour coiffure des colbacks avec la flamme rouge, des grenades en cuivres ainsi que les aigles. Quand je les passe en revue, on dirait qu’ils sortent d’une boîte. Il faudrait s’étudier pour leur trouver une faute » écrit le colonel du 4e hussards le 15 septembre 1811

Le 25 octobre suivant, deux escadrons du régiment, sous le colonel Christophe, participent à la bataille de Sagunto, victoire déterminante pour la prise de Valencia. Le 23 novembre, près de Maynar, le chef d'escadron Colson défait complètement un parti de cavalerie ennemie. Fin novembre 1811, sur les bords du Guadalaviar, de nombreux combats contre des postes ennemis coûtent la vie au chef d'escadron Bordenave et au capitaine Schmitz. Les 25 et 26 novembre suivant, au passage du Guadalviar, deux cent voltigeurs montent en croupe derrière des hussards et ouvrent la route à l'armée. Le 27 novembre, Harispe se dirige vers Torrente. Les hussards assurant l'avant-garde tombent sur le gros de cavalerie ennemie mais sont repoussés sur l'infanterie française. Le général Boussard, qui command la cavalerie, est fait prisonnier. Son aide de camp Robert et de nombreux hussards sont blessés en voulant le couvrir de leurs corps. Par une contre attaque, la cavalerie repousse les espagnols, les met en déroute et délivre le général Boussard et de nombreux prisonniers. A la même période, le colonel Christophe et 300 hussards sont dirigés sur Cullera [23].

Le 1er mai 1812, le 4e, qui aligne 900 hommes en 4 escadrons, est embrigadé avec le 24e dragons, sous les ordres du général Delort. En 1812, un aigle reste en service, les autres sont renvoyées le 19 mars. L'étendard du régiment est du modèle 1812 avec les mentions : AUSTERLITZ IENA FRIEDLAND. Le 13 avril 1813, 429 hommes du régiment, formant deux escadrons, participent à la bataille de Castalla contre les Anglo-Alliés. Le régiment combat jusqu’en 1813 à Alcanitz, Belchite, Stella, Chiclana, Sagonte, Tecla et à la passe d'Ordal. A l’armée d’Aragon, il ne cesse « de se distinguer durant toute la guerre tant dans cette province qu’à Valence et en Catalogne »[24]. En 1813 une partie du régiment passe au 3e corps de cavalerie de la Grande Armée et combat à Gross-Beeren et Leipzig. En novembre 1813, 588 hommes en 4 escadrons comptent encore à l'armée d’Espagne. Au total 29 officiers seront tués ou blessés en Espagne, la plupart lors d'obscurs accrochages contre des guérillas.

A l'Armée de Lyon en 1814

En 1814, rappelé en France, le 4e hussards entre dans la composition de l'Armée de Lyon et fait brigade avec les hommes du dépôt et du 10e escadron du 4e gardes d’honneur[25].

Face à la menace d’une invasion autrichienne par la Suisse et le nord du département de l’Ain, 65 Gardes d'honneur du 10e escadron du 4e régiment et hussards du 4e sont détachés à Bourg le 8 janvier 1814. C’est sous une forte pluie mêlée de neige que les cavaliers, accompagnés de 500 fantassins venant de Meximieux et 300 artilleurs de marine de Lyon, arrivent à Bourg. Mis sous l’autorité du commandant militaire de la ville, Pilloud, ce dernier envoie, dès leur arrivée, une patrouille de deux hussards et d’un garde d'honneur au de là du château de Challes, ancienne demeure du comte de Montrevel. Eloignés de Bourg, les deux hussards capturent le Garde d'honneur et passent à l’ennemi. Dès le 10 janvier, les premières échauffourées entre les troupes françaises et autrichiennes ont lieu au nord de Bourg. Le 11, les Autrichiens se ressaisissent et contre-attaque près de la carronière de Challes. La résistance acharnée des Français les oblige à faire venir 6 pièces d’artillerie qui poussent les Français à refluer en bon ordre à Meximieux. Le 4e hussard combat à Lons-le-Saunier et Chalons. Début mars, le 4e qui compte encore 646 hommes. Il forme brigade avec le 12e hussards. Le 13e de cuirassiers du colonel Bigarré complète la cavalerie que commande le général Digeon. Le 11 mars, un escadron de 162 hommes, attaché au 12e hussards, participe à l'échec de Musnier à Charnay. A Mâcon le 17 mars, sous les ordres du général Pannetier, le 4e se distingue en chargeant quatre bataillons et quatre escadrons ennemis à Lage-Longeart. Le 18 mars, il détruit à moitié la brigade Hessoise Gall, expulsée de Saint-Georges par l'infanterie française de Gudin. Le 20 mars, lors de la phase finale de la bataille de Limonest, le régiment soutient l'assaut de la division Musnier contre Rochecardons tenu par les autrichiens de Mumb.

Malgré que son courage, le 4e hussards a soutenu sa réputation, perdant 5 officiers durant cette courte campagne.

 

La 1ère Restauration

Le régiment est réorganisé à Vienne le 16 juillet 1814 avec l'amalgame du 4e et du 14e hussards, tout deux ayant servis à l'armée de Lyon. Le 4e compte 62 officiers, 892 hommes et 6 enfants de troupe et le 14e, 39 officiers, 101 hommes et deux enfants de troupe.

Si le 4e hussards amène la majorité de l'habillement (554 pelisses sur 614, tous les dolmans au nombre 554, 554 shakos sur 612, 554 bonnets de police sur 598, 554 sabretaches sur 596)[26], durant la Première Restauration, ce dernier est en parti refait à neuf  : aux 16 pelisses, 308 dolmans, 123 vestes d'écurie et 92 charivaris encore en bon état et déjà présents au magasin au 1er février 1815, s'ajoutent 164 pelisses reçus entre le dernier semestre 1814 et le premier trimestre 1815 mais aussi 103 dolmans, 375 vestes d'écurie et 225 charivaris. Les hongroises « n’ont pas été confectionnées en drap bleu mais elles l’ont été en tricot vert provenant d’économie »[27]. La monarchie restaurée lui livre 747 sabretaches au 1er février 1815 alors que 228 sont fabriquées entre le 11 mai et le 30 juin. Au 1er février 1815, l'ensemble de l'équipement (giberne, ceinturon) est présent au régiment.

Du 16 juillet 1814 au 22 décembre 1815, le régiment consomme 1348 m de drap bleu, 3025 m de drap vert, 522 m de drap rouge, 4121m de tricot vert, 918m de flanelle, 2629m de treillis, 3723m de toile de doublure, 2384 peaux d’agneau, 935 peaux rouge maroquinés, 1008 peau de veau, 2007 douzaines de gros boutons, 7054 douzaines de boutons moyens, 632  douzaines de petits modules, 3024 douzaines de boutons d’os, 13030 m de tresse carrée et 11033 m de tresse plate.

Au licenciement du régiment, il reste encore 422 pelisses en magasin, 104 dolmans, 101 charivaris, 204 shakos, 390 sabretaches.

Le "Retour de l'Aigle"

Lors de la 1ère Restauration, beaucoup de cavaliers du 4e rentrent chez eux. Fort de 50 officiers et 698 soldats pour 520 chevaux le régiment est regroupé à Vienne au 1er janvier 1815. A le retour de Napoléon, le 4e reçoit un aigle et un étendard modèle 1815, après avoir brûlé son étendard blanc de régiment royal, fraîchement béni, sur le parvis de l'église de Vienne à l'annonce du retour de l’Empereur. Il rejoint la Grande Armée.

Dès le retour de Napoléon en France, les engagements dans le 4e sont nombreux dans les départements Rhône alpins[28] : les jeunes gens et les anciens combattants préférant l’uniforme et le prestige du 4e à la désignation sordide des Conseils d’Examen départementaux. Tous les anciens cavaliers du 4e qui passent devant les Conseils d’Examen et qui sont reconnus aptes à servir de nouveau sont dirigés sur leur ancien régiment. Toutefois, ces jeunes engagés ne sont pas des têtes folles. Si ils désirent servir, ils attendent de voir la situation : « Mes chers père et mère...Je vous dirai que nous avons resté trois jours à Vienne sans nous faire connaître au dépôt ni sans faire voir notre feuille de route au quartier-maître qu’après nous avoir bien informé de ce qui se passait dans le dépôt. Je vous dirai que nous sommes bien 1 800 hommes dans Vienne, il y a du monde, on ne s’y connait pas parmi nous dans l’endroit » écrit le hussard Louis François, de Vienne, le 10 mai, à son père charron à Chalon-sur-saône.

 

Le 4e combat victorieusement, le 16 juin à Ligny et, historiquement, le 18 à Waterloo. Suite à la défaite, beaucoup de recrues désertent et rentrent chez elles, tel les hussards Aimé Frédéric Picquet, Antoine Nicollet, Charles François Seve et Michel Collet qui rentrent à Nantua entre juillet et août 1815. Pour les survivants qui rentrant chez eux, le chemin du retour est semé d’embûches et soumis au bon vouloir des vainqueurs : à Orléans, les autrichiens prennent le sabre, la hongroise, le shako et la ceinture écharpe de Jean-Baptiste Derognat, tandis que c’est à Nantua qu’Antoine Nicollet voit son shako partir dans les mains ennemis, comme prise de guerre. Alors que la partie restante du régiment est regroupée à Orléans, l’aigle et l’étendard du 4e sont détruits à Bourges.

 

Jérôme Croyet

Docteur en histoire

président de la SEHRI



[1]  Deux escadrons sont à Moulins-Engilbert, Corbigni et Decise en Bourbonnais.

[2] Durant ces combats, vingt hussards du régiment mettent en fuite un escadron de hussards de Wurmser et leur fait trente-six prisonniers. Seize hussards capturent un convoi de munitions protégé par une dizaine de hulans et soixante-dix fantassins.

[3] Lors de cet affrontement, l’escadron du lieutenant Simon traverse les régiments autrichiens qui abandonnent la poursuite et s’acharne sur l’escadron qui parvient à regagner les lignes françaises en aillant, toutefois, laissé un tiers de ses hommes sur le terrain.

[4] « Par ses coups de main sur les magasins de l’ennemi, Ney et ses hussards assurent le ravitaillement de nos troupes ». ALAZET (Robert) : « le 4e régiment de hussards 1789 – 1815 » in Tradition Magazine n°197.

[5]  Au 1er mars 1799, il compte 520 hommes

[6] ALAZET (Robert) : « le 4e régiment de hussards 1789 – 1815 » in Tradition Magazine n°197.

[7] ALAZET (Robert) : « le 4e régiment de hussards 1789 – 1815 » in Tradition Magazine n°197. A Hohenlinden, le brigadier Hullet s’empare d’un drapeau.

[8] Revue d’inspection du 4e hussards, an XI. S.H.D.

[9] Revue d’inspection du 4e hussards, an XI. S.H.D.

[10] Revue d’inspection du 4e hussards, an XI. S.H.D.

[11] Revue d’inspection du 4e hussards, an XI. S.H.D.

[12] Revue d’inspection du 4e hussards, an XI. S.H.D.

[13] Il aligne un effectif de 501 hommes en 3 escadrons.

[14] Le régiment aligne 22 officiers, 426 hommes et 631 chevaux.

[15] Inspection du 4e hussards, 22 décembre 1807 S.H.D.

[16] Inspection du 4e hussards, 22 décembre 1807 S.H.D.

[17] Situation du régiment en avril 1809 : Brigade de cavalerie du général Boussard. Sont au siége de Lérida : 328 hommes avec 317 chevaux. Sont resté en Aragon dans les places : 321 hommes avec 309 chevaux.

[18] Le colonel Burthe conduisit la charge avec tant d'intrépidité, que dans un instant l'ennemi fut culbuté, et pour la plus grande partie obligé de mettre bas les armes. (Rapport officiel du 26 avril 1810.)

[19] Extraits des Mémoires du maréchal Suchet, pages 120 et 121

[20] Le 15 août 1810 le 4e aligne 1 027 hommes et 933 chevaux en quatre escadrons. Un an plus tard, il reste 960 hommes. Situation août 1810 : Brigade de cavalerie du général Boussard. Sont en expédition sur Tortose : 4 escadrons composés de 759 hommes et 764 chevaux. Sont en Aragon dans les places : 268 hommes et 169 chevaux.

[21] Sont au siége de Tarragone, mai 1811, deux escadrons comprenant 208 hommes.

[22] Lettre de Napoléon au duc de Feltre, Ministre de la Guerre. Rambouillet, 10 août 1811. Coll. Part.

[23]  Au 31 décembre 1811, 270 hommes et 270 chevaux sont attachés à la division Napolitaine du général Compère. 690 hommes et 623 chevaux sont restés en Aragon dans les places.

[24] SARRAMON (Jean) : « Les hussards dans les péninsule ibérique (1808-1814) » in Vivat hussar n°26, Tarbes, 1991.

[25] En 1814, alors qu’il fait partie du 6e corps de cavalerie à l'armée de Lyon sous le commandement d'Augereau  les 84 hommes de la 5e compagnie du régiment reste en garnison à Barcelone.

[26] Toutefois, c’est le 14e hussards qui apporte le plus d’effets en magasin : 361 pelisses sur 473, 400 dolmans sur 658, 170 shakos sur 220 shakos, 152  hongroises sur 185, le reliquat venant du 4e.

[27]             Rapport au ministre 23 novembre 1819. Tapuscrit Centre de documentation du Musée de l’Empéri.

[28]             12,03% des gens du département de l'Ain ayant servis comme hussards durant la période 1791-1815 ont servis au 4e hussard.