les hussards : généralités 1789 à 1815

1792 : les hussards de la Mort

Le décret du 12 juin 1792, prévoit la formation, à Paris, de 2 compagnies de hussards, composées de jeunes gens qui financent leur uniforme et leur équipement. Cet escadron prend le nom de hussards de la mort, en réponse à la menace que fait planer sur Paris le duc de Brunswick. Les premiers hussards s'organisent dès le 28 juillet. Ils sont cantonnés à l'école militaire. Les chevaux proviennent de la Garde Constitutionnelle dissoute en mai. L'effectif théorique de l'escadron est de 110 hommes. De fait, après les combats, l'escadron des hussards de la mort comportera que 70 hommes dans la 1ère compagnie et 61 dans la seconde. L'escadron quitte Paris, le 2 septembre 1792, sous les encouragements de la foule et se rend à l'armée du centre sous les ordres de Kellermann. Réuni à l'armée du Nord de Dumouriez, les hussards de la mort assistent à la bataille de Valmy, ils s'emparent de Longwy puis de Verdun le 1er octobre. Le 5 décembre, ils prennent Sarrebourg et le 13, Pilligen. Ils sont à Wavren et Hanm mais échouent devant Trèves. Durant l'hiver 1792/93, alors que les effectifs sont gravement amoindris, l'escadron prend ses quartiers d'hiver à Sarrelouis. Conscients de ne plus être en mesure de combattre de par leur faible nombre, les hussards de la mort envoient une pétition, à la Convention où ils demandent à être réunis à un régiment de chasseurs à cheval. En 1793, les hussards de la mort prennent leurs quartiers à Thionville, Toul et Phalsbourg, où ils reçoivent l'ordre, le 13 mars, de se rendre à Fontainebleau pour être amalgamé, suivant le décret du 5 mars et leur vœu, au 13e régiment de chasseurs. Lors de leur voyage, le capitaine Bonnet est emprisonné à Nancy pour incompétence, le 11 avril. Le 25, les hussards de la mort arrivent à Fontainebleau où ils sont passés en revue par Chateauneuf Random avant d'être supprimés. C'est au même moment qu'éclatent les premiers troubles en Vendée, aux quels les hussards de la mort ne participeront pas en tant que tels, étant dissout.

Le 5 Mars 1793, par un décret de la Convention Nationale, les compagnies des Hussards de la mort et de l'égalité réunit et incorporées aux hussards de la Légion de l'armée du midi dite Légion des Alpes. Les chasseurs à cheval de la légion Rozenthal réunis aux précédents formeront le 13ie Régiment de Chasseurs à Cheval.

Le décret du 28 juillet 1792 réglemente l'uniforme des hussards de la mort et impose leur signe de reconnaissance : deux os croisés surmontés d'une tête de mort, sans doute empruntés au 5e régiment de hussards de l'armée prussienne. La pelisse et la sabretache sont toutes deux ornées du terrifiant symbole. D'après certains auteurs, la patelette de la sabretache pouvait être de drap rouge galonné de blanc. Quelques-uns ajoutèrent une devise du style "Vivre libre ou mourir". Les hussards portent sur leur dolman, une pelisse noire bordée de fourrure de même couleur dotée d'une doublure blanche et de cordons mêlés noir et blanc. Tous les galonages sont noirs et blancs, les boutons en étain. Le décret portant description de l'uniforme, spécifie que le dolman et la pelisse auront cinq rangées de boutons alors que les régiments réguliers de hussards n'ont que trois rangées. Le pantalon de cheval est noir et boutonné sur les côtés. Les bottes de cuir noir sont dotées d'éperons en acier. Les Hussards de la Mort sont coiffés d'un mirliton noir qui se présente comme suit : Cocarde tricolore blanche au centre puis bleue et rouge à l'extérieur, passepoilée de blanc. Plumet noir et blanc en bas, flamme de même couleur bordée de blanc portée enroulée autour du shako en campagne ou tombante en parade, pompon de flamme blanc et bonnet orné d'un cordon tressé blanc. Des inscriptions telles que " la liberté ou la mort" sont brodées sur la flamme renforçant ainsi le caractère terrifiant du corps. Beaucoup de régiments portent le plumet à gauche à partir de 1792-93 contrairement à ce qui se pratiquait depuis 1786. Les hussards de la mort portent une ceinture-écharpe de laine noire et blanche, mise au point par l'ordonnance de 1786, elle mesure 2,56 m et fait trois fois le tour du cavalier. Le sabre est du modèle 1786. Pour l'harnachement, la shabraque est en mouton blanc, mais Valmont donne une shabraque de mouton noir. Ce qui est étonnant car cette particularité est réservée aux trompettes. Le porte-manteau de drap noir, galonné de fils blancs côté.

Jérôme Croyet

docteur en histoire

 

président de la SEHRI


1800 : les hussards canaris

Formés en prévision de la seconde campagne d’Italie (1800), les hussards de Bonaparte et l’infanterie légère sont des corps de volontaires « en état de se monter, s’habiller et s’équiper »[1]. Ces hommes doivent s’inscrire auprès des préfets et des sous-préfets, tout nouvellement créés. Cependant, les impétrants peuvent également se rendre isolement à Dijon, où ils doivent s’équiper. Au fur et à mesure de leur arrivée dans la capitale bourguignonne, des inspecteurs aux revues les regroupent par compagnies, formées en fonction du département d’origine des volontaires. Si un modèle de tenue réglementaire est visible chez le général Mathieu Dumas, un autre est aussi déposé en préfecture, afin d’assurer aux confections une certaine uniformité .

Connu par quelques documents iconographiques du temps et, surtout, par un document contemporain – l’Organisation des volontaires de l’armée de réserve[2] -, l’uniforme des hussards est superbe : « Bonnet de police, le tour bleu de ciel, la queue jaune chamois, avec un feston losangé de trèfles carrés, moitié bleu de ciel, moitié blanc. Gilet d’écurie bleu de ciel, large et aisé ; collet et parements chamois, poches sur le côté, une seule rangée de boutons. Pantalon d’écurie bleu de ciel, garni en peau, basane noire, les bandes de côté chamois, ainsi que les pattes de goussets.

Grande tenue. Pelisse jaune chamois, bordure noire, courte, de poil frise, trois rangées de boutons blancs, moitié fil blanc, moitié fil bleu de ciel ; nœuds à la hongroise sur la manche, sans galon ; tresses carrées, marquant la taille et nœuds à la hongroise sur les petites basques. Dolman jaune chamois, parements et collet bleu de ciel, trois rangées de boutons, ganses comme à la pelisse, nœuds à la hongroise idem. Ceinture en poil de chèvre leu céleste, nœuds d’agrément jaunes, cordons et houppettes de même. Gilet bleu céleste, tresses carrées, mélangées fils bleu et blanc ; trois rangées de boutons blancs. Culotte à la hongroise, ceinture à courroie ; tresses carrées, mélangées bleu et blanc sur les coutures ; nœud à la hongroise sur les cuisses. Surtout bleu céleste, parements chamois, collet montant, avec une petite patte bleu céleste et un bouton, manches ouvertes dessous avec trois boutons ; la doublure comme le dessus, passepoil jaune, habit retroussé. Shako, sept pouces et demi de hauteur, évasé ; retroussis bleu céleste, cordons mélangés bleu et blanc, ganse argent, et gousset sur le devant pour le plumet. Panache rouge. Bottes en veau, talons à la hongroise élevés, ferrées, avec éperons bronzés, bordure et glands poil de chèvre noir. Manteau gris de fer. Porte-manteau gris de fer ; ganses ci-dessus désignée, sur les coutures des bouts. Sabretache fond bleu céleste, galons blancs en poil de chèvre, trophée militaire, ceint de deux branches de laurier en sautoir, surmonté d’une couronne renfermant le chiffre de la République française ».

L’infanterie légère, pour sa part, est revêtu d’un « habit bleu de ciel, revers et parements chamois, boutons blancs. Gilet blanc, croisé à six pouces, avec deux rangées de boutons. Pantalon blanc, demi-guêtres comme l’infanterie légère. Chapeau rond, à petit bord, et à forme haute, et un peu évasé, surmonté d’une peau d’ours en cimier ; un côté du chapeau un peu retroussé, avec un panache bleu de ciel terminé par une touffe noire »[3].

Les hussards quittent Dijon le 4 thermidor an VIII et prennent le chemin de Genève. Ils passent à Berne le 3 fructidor pour se rendre dans les Grisons. Le 22 brumaire an IX, le dépôt arrive à Eythersem, alors que le corps cantonne à Ebersberg le 9 frimaire. C’est là qu’ils deviennent « hussards volontaires de l’armée du Rhin ». La campagne terminée, les hussards rentrent en France et sont cantonnés à Metz à compter du 3 germinal an IX. Le 25 germinal, les 19 officiers, 601 sous-officiers et hussards – accompagnés de leurs 373 montures – sont licenciés. 298 d’entre eux rentrent dans leurs foyers, 50 sont versés au 1er régiment de chasseurs à cheval, 45 au 8e régiment de chasseurs à cheval, 97 au 10e régiment de chasseurs à cheval, 107 au 16e régiment de chasseurs à cheval, 4 au 20e régiment de chasseurs à cheval, 3 au 17e dragons, 3 au 13e régiment de cavalerie, un au 8e régiment de hussards, enfin un dans la légion des Francs.

 

[1] Archives Départementales de l’Ain, série L, Lettre du général Mathieu Dumas au préfet de l’Ain, 23 germinal an VIII.

[2] Organisation des volontaires de l’armée de réserve, instructions du général Mathieu Dumas, germinal an VIII.

[3] Organisation des volontaires de l’armée de réserve, instructions du général Mathieu Dumas, germinal an VIII.


1750 - 1815 : l'harnachement de cavalerie légère

 

Le harnachement des hussards se composait originellement d’une seule bride de mors. Ce n’est qu’au milieu du XVIIIe siècle que la muserolle se généralise dans le harnachement « à la française ». Les croisettes – deux bandes de cuir reliant le frontal à la muserolle et disposées en X – sont ornées, à leur intersection, d’un cabochon en métal. Le fleuron et les rênes de bride se terminent par un fouet de lanières tressées. S’y ajoute la courroie de sous-gorge, ornée d’un croissant métallique. Selon la tradition, il s’agirait d’un souvenir hérité des guerres contre les Turcs. En réalité, son origine est bien plus ancienne. En effet, dès l’Antiquité, les cavaliers des steppes accrochaient ces symboles lunaires aux brides ou aux courroies de poitrail de leurs montures.

Au cours de la guerre de Sept Ans[1], la bride de mors s’enrichit de clous de métal et/ou de coquillages, tandis que la têtière se couvre d’une chaînette. Primitivement, il s’agissait de protéger le harnachement de tête contre les coups de sabre. Devenus purement décoratifs, ces ajouts sont formellement interdits pour les brides de troupe en 1786, exception faite de la chaînette de têtière, qui est maintenue. Les officiers continuent, eux, d’orner leurs brides de cabochons ou de motifs en cuivre estampé [2]. La mode s’étend aux harnachements des officiers généraux sous le Consulat et l’Empire.

La selle hongroise n’a guère subi de modifications majeures du début du XVIIIe siècle à la fin du 1er Empire. Appréciée des cavaliers légers pour sa légèreté, sa solidité et son élasticité, elle tire cette dernière qualité de son arçon, entièrement confectionné en bois. Celui-ci impliquait une fabrication délicate, nécessitant un bois ronceux de hêtre soigneusement sélectionné. Néanmoins, les fabrications massives de la Révolution et de l’Empire ne permirent pas de maintenir ce haut niveau de qualité. Les arcades furent renforcées par des ferrures, les croissants et les quatre pièces de bois étant assemblées à l’aide des chevilles ou de rivets.

Les étriers sont en forme de poire. En fer forgé pour la troupe, ils sont noircis en campagne. Les étriers des officiers étaient réalisés en cuivre ou en bronze.

[1] Sans doute à l’imitation des hussards prussiens et autrichiens.

 

[2] Ils sont dorés chez les hussards, argentés chez les chasseurs à cheval.