le 8e hussards : documents et archives de 1789 à 1815


le 8e hussards en garnison à Bourg-en-Bresse en l'an VII

Un ordre du ministre de la Guerre, place, alors que le 8e hussards part à l’arme du Danube, le grand dépôt du régiment à Bourg en Bresse. Dès le 29 floréal an VII, le colonel Marulaz est à Bourg afin de l’organiser, car le soucis de Marulaz est de « prendre toutes les précautions nécessaires pour que les hommes et les chevaux qui le composent puissent en parti promptement en état de renforcer les escadrons de guerre ». Afin de mener cela à bien, il confie le commandement du dépôt à un homme de confiance, son père, capitaine au régiment. Le jour même, il adresse la demande de nomination au général commandant la 6e division militaire, lui réclamant à cet effet, sa protection et son amitié. Dès sont installation, le dépôt accueille les chevaux blessés du régiment. Les plus frais n’étant en état de faire un service qu’après deux semaines de convalescence. A l’arrivée des effets du régiment, un officier nommé par le capitaine Jarre et le citoyen Beglet, sont astreints de faire la vérification des effets existants dans les magasins régimentaires, tant en pièces  qu’en vieux effets[1]. Le colonel demande aussi la vérification des malles d’officiers, avec des témoins. Afin de pourvoir le plus rapidement possible les escadrons de guerre de monture, le colonel Marulaz demande au capitaine Marulaz de faire confectionner un fer au n°8 et de faire marquer tous les chevaux au numéro, dès l’arrivée de ces derniers, avec deux citoyens ayant sans doute le soin de les amener. Après quatre jours de repos, 100 chevaux marqués, choisi par le commandant du dépôt, seront envoyés aux escadrons de guerre par les deux convoyeurs. Les autres chevaux restant au dépôt jusqu’à une nouvelle répartition entre les compagnies.

Le dépôt s’organise, bien au début de messidor les voitures ne soient pas encore arrivées ; les officiers instructeurs sont présents ainsi que les ouvriers. Malgré une comptabilité insatisfaisante, le grand dépôt ravitaille le régiment. Ainsi, il envoie 181 mousquetons et des carabines, qui arrivent le 13 prairial à Berne. Toutefois le régiment manque de buffleterie. Le 13 prairial, Marulaz en informe son père et lui demande, malgré une trentaine de chevaux blessés au petit dépôt, de ne pas faire partir ni hommes ni chevaux si il ne lui demande pas.

Au 17 prairial an VII, le régiment n’étant pas au complet, le colonel Marulaz demande au commandant de la place de Phalsbourg de faire diriger sur le dépôt de Bourg 250 conscrits et réquisitionnaires afin de le compléter. Toutefois, Marulaz ne tient pas à voir n’importe qui entrer dans son régiment, et il n’oublie pas de stipuler à son correspondant « vous savez quelle taille et quelle tournure convient pour les hussards » ; pour Marulaz la limite n’est pas la taille maximum, mais la taille minimum : il ne veut pas d’hommes faisant moins de 5 pieds trois pouces. Il les veut aussi fort et vigoureux. Très rapidement, Marulaz, après l’avoir demandé, obtient l’autorisation d’obtenir ses conscrits. A l’annonce de l’incorporation de conscrits au 8e hussards, certains d’entre eux soudoient le sous lieutenant chargé de l’incorporation[2]. Marulaz, informé de cette pratique écrit son mécontement au sous lieutenant : « c’est indigne d’un officier » et lui signifie qu’à la prochaine plainte, il prendra « des mesures sévères qui seraient aussi diffamantes pour vous qu’humiliantes pour le corps auquel vous appartenez ». L’arrivée des premières recrues à Bourg n’enchantent pas Marulaz : parmi les 18 premiers plusieurs sont très petits et au dessous de la taille. Le colonel demande au commandant du dépôt de les réformer. Il lui recommande aussi d’être très rigoureux et d’envoyer aux escadrons de guerre les mauvais sujets.

 Jérôme Croyet

docteur en histoire

président de la SEHRI



[1] Il s’agit de serge, de doublure, de vieux gilets d’écurie et de trois pièces d’écarlate dont une est entamée.

[2] Il reçoit 2 louis.